Sport et cancer: histoire vécue d’une cliente de Kinéden inc.

Anne-Valérie Sirois, femme de 40 ans, épouse et mère de 2 garçons a relevé plusieurs défis dans les 3 dernières années, notamment son combat contre le cancer du sein en conciliant sport et cancer.
J’ai rencontré Anne-Valérie en octobre 2013. Comme la plupart des femmes qui nous appellent, elle désirait se mettre en forme.

Le début de l’entraînement

Anne-Valérie : J’arrivais à 37 ans et mon but premier était de me mettre en forme pour mes 40 ans, c’était mon défi. Entre autre parce que j’ai des enfants et que je veux en profiter le plus longtemps possible.

On a alors commencé par l’évaluation de sa condition physique, la remise de son programme et le début des entraînements. Je me rappelle encore la première fois où nous sommes allées courir. Elle voulait faire du jogging. Elle essayait depuis septembre mais n’y arrivait pas. On a fait un échauffement et ensuite on a commencé à courir. Un jogging très léger où je jasais pendant qu’elle peinait à prendre son souffle !

L’objectif initial

Notre objectif était de faire 20 minutes en continu. 20 minutes ce n’est pas très long, juste assez pour dire qu’on a bougé un peu. Mais pendant ces 20 minutes, par deux fois elle m’a demandé si on pouvait marcher! Bien sûr que non! Je l’ai encouragé et on les a terminées.

Quand je lui demande comment elle se rappelle ses premiers entraînements.

A-V : Oh mon dieu seigneur ! Je me souviens que la musculation je trouvais ça difficile mais je trouvais ça encore plus difficile quand on sortait courir. On ne faisait pas beaucoup de temps et que tu me disais : « Envoye-là, continue t’es capable ! » Dans ma tête je me disais que non, j’étais à bout mais finalement j’y arrivais !

La course à pied

Après quelques mois elle a eu un déclic pour la course et je n’ai plus jamais eu à la pousser pour courir! En fait, je lui répétais qu’elle devrait varier ses activités, que la course c’est bon mais qu’il y a d’autres exercices cardio! Rien à faire, elle était devenue une addict de la course à pied. Elle en motivait d’autres sur sa rue qui se sont également mis à courir! Très vite sa forme physique s’est améliorée. Nos deux séances de musculation par semaine, notre séance de course plus tous les autres jours où elle courait avant d’aller travailler ont porté fruit. 8 mois plus tard, je peux dire qu’elle pétait le feu! Elle était en shape la madame!

Comment es-tu devenue accroc à la course ?

A-V : Au début, je voulais juste me mettre en forme et développer le goût de bouger. Ce n’était pas tant pour perdre du poids, mais je me disais que le reste allait venir tout seul. C’est à Noël que j’ai vraiment développer le goût d’aller courir. Avant ça je me donnais des coups de pied dans le derrière! Puis, à un moment donné, quand tu reviens de courir et que tu ressens une petite drogue envahir ton corps, tu te sens tellement bien et fière de toi que ça part bien ta journée. J’ai fini par sentir que si je n’avais pas la course dans ma journée, il me manquait quelque chose. Je n’avais plus besoin du café pour me réveiller le matin.

Le début des résultats

Quels résultats as-tu constatés suite à tes entraînements ?

A-V : Le premier changement était au niveau psychologique. J’étais fière de moi de sortir courir et d’arriver à le faire. Puis, dans le temps des fêtes, j’ai constaté que je perdais du poids et que je n’avais pas fait aucune restriction alimentaire jusque-là. Juste le fait de bouger un peu donnait des résultats! Ma devise : efforts = résultats. 

En passant, « bouger un peu » pour elle c’est à tous les jours !

Anne-Valérie à la piscine avant l'entraînement. Anne-Valérie à la plage.
A-V : Après Noël, je me suis dit que j’allais couper le vin. J’y suis allée par étape. Si on s’en demande trop en même temps, on ne tient pas. 

La perte de poids

Bien qu’elle ne fût pas obèse, elle a perdu son surplus de poids et atteint un poids santé en février 2014 où les résultats de sa composition corporelle avaient passé d’« Acceptable » à « Très bien ». En juin 2014 elle était à « Excellent »!

Avec du recul, elle considère que son parcours a été le plus beau cadeau qu’elle s’est faite.

A-V : J’ai complètement changé de rythme de vie, de façon de vivre, de façon de m’alimenter. J’ai changé la perception que j’avais de mon corps et de sa façon de fonctionner. Mon parcours m’a fait prendre conscience de la santé. Ce que tu donnes à ton corps c’est ce qui fait qu’il est en santé. Ce n’est pas vrai que quelqu’un va venir cogner à ta porte pour te vendre la petite pilule santé. On aimerait tous ça mais elle n’existe pas.

En atteignant son poids santé, sa poitrine a fondue! C’est lors d’un rendez-vous chez le médecin pour ses enfants qu’elle en glisse un mot pour avoir une augmentation mammaire. Le médecin l’examine et découvre les « bosses ». On est en février 2015. S’enclenche alors le processus médical. Mammographie, chirurgie pour enlever les tumeurs, analyse et diagnostic : cancer du sein stade 2 sur 4, grade 3 sur 3.

Le stade représente ce qui est atteint dans le corps. Dans son cas, le cancer était plus que dans le sein, il avait atteint les ganglions. Quant au grade, cela représente l’agressivité du cancer, à quel point il peut se propager vite. Si elle n’avait pas perdu de poids, jamais elle n’aurait découvert le cancer. Elle n’ose pas imaginer ce qui serait arrivé si elle avait découvert cela 6 mois plus tard… trop tard.

Le cancer

Anne-Valérie à la marche contre le cancer.

A-V : L’annonce télé du coup de poing c’est réel. Dans mon cas, pendant 2-3 semaines je ne réalisais pas ce qui m’arrivait, j’avais de la difficulté à enligner 2 mots. Mais je continuais à m’entraîner pareil, j’en avais besoin. Je voulais évacuer. J’avais appris que j’avais un cancer, pas que j’allais mourir. Je ne voulais pas arrêter de m’entraîner. Mon corps se devait d’être en forme car c’était lui, la machine, qui allait recevoir les traitements. Je voulais être sûr qu’il soit apte à les recevoir. 

Le combat commence. Chimiothérapie, double mastectomie, radiothérapie, ovariectomie.

A-V : J’ai continué à m’entraîner pendant mes traitements. Les oncologues disaient que c’était bénéfique et qu’il fallait que j’écoute d’avantage mon corps. Chose que je n’ai pas tendance à faire! J’ai vraiment bien passé au travers de la chimiothérapie. Tu es supposé être malade et même hospitalisé durant certains traitements. Tu entends des histoires d’horreur sur la chimio. Pour ma part, je faisais mes traitements et j’étais plus fatiguée les 2-3 jours suivants. C’est sûr que la journée de mon traitement, je sortais seulement pour marcher avec mon chien. Ensuite, je recommençais à aller courir c’est juste qu’au lieu de faire mon 5 km en 30 minutes, je me permettais que ce soit plus long. Je me créais des petits programmes à la corde à danser que je faisais dans ma cour comme ça si je ne me sentais pas bien au moins j’étais pas loin. C’est sûr que la chimio ce n’est pas agréable mais je pense que le fais d’être en forme m’a aidé à bien passer au travers. J’ai eu des grippes pires que ça!

L’entraînement et le cancer

Bien qu’elle ne fît pas partie de la moyenne d’âge des gens qui ont le cancer (plus âgés), elle se trouvait en forme à comparer des autres patients. Elle avait le moral!

A-V : Le fait de t’entraîner et de bouger, t’as l’impression que ton corps n’est pas en train de mourir, qu’il est encore bon, encore actif, qu’il est capable de combattre. Je n’ai pas eu besoin de traitements supplémentaires pour les effets secondaires et le pharmacien m’avait dit que le meilleur médicament était celui de m’entraîner. Si je n’avais pas été en forme ça aurait été plus difficile au niveau psychologique et physique. 

Quand tu regardes les plus grands hommes d’affaires qui réussissent le plus sur la planète. C’est du monde qui sont en forme et qui s’entraînent car tu ne peux pas arriver à mener des combats de grosses entreprises et de gros projets si tu n’es pas en forme. Mon cancer je l’ai vu comme ça, c’était mon gros projet et si je voulais passer au travers il fallait que je sois en forme et que je ne lâche pas. 

Le sport avant, pendant et durant les traitements du cancer

Je lui ai ensuite demandé ce qui l’a le plus marqué durant ces trois périodes soit celle avant d’être en forme, pendant qu’elle l’était et durant le combat face au cancer.

A-V : Avant je sentais que je pourrais être en forme mais ce que tu ne connais pas ne te manque pas. Avant je fumais et j’avais beaucoup plus de laisser aller. Je buvais du vin à tous les soirs ce n’était pas grave. Je mangeais une fritte au McDo ce n’était pas grave.

L’entraînement entraîne des changements

Puis, quand je me suis mise à m’entraîner, toutes ces perceptions ont commencé à changer. Tout ça a fait en sorte que tu regardes plus ce que tu manges, que tu portes un jugement sur les activités que tu fais sauf que tu te sens tellement mieux que ça ne s’explique pas. Oui ça demande un effort atteindre ça et ça demande un effort d’être ça. Car même si je l’ai atteint, ça me demande encore des efforts. Mais cet effort-là vaut la peine.

La santé et ton bien-être physique sont tellement forts que tu vas faire attention pareille. C’est sûr que ça m’arrive en regardant un film de vouloir m’ouvrir un sac de chip et de passer au travers. Avant je l’aurais fait sans hésitation. Aujourd’hui, j’me dis que je n’ai pas envie d’encrasser mon corps avec du gras. Le goût est là mais je fais le choix de ne pas le faire.

Anne-Valérie en entraînement.

Faire des choix sains

Que dirais-tu aux gens qui savent que c’est mauvais pour la santé et qui trouvent ça dure de toujours faire des choix sains?

A-V : Il faut faire des efforts qui sont difficiles pour avoir des résultats. Et il y a une étape où tu fais des efforts mais que les résultats ne sont pas immédiats. Puis, vient un temps où les résultats deviennent tellement apparents que les efforts se font tout seul. S’il n’y a pas de résultats c’est qu’il n’y a pas assez d’effort !

Les objectifs après le cancer

Aujourd’hui, quels sont tes objectifs ?

A-V : Je veux maintenir la forme et un taux de gras bas pour limiter les risques de récidive du cancer. Et depuis l’ovariectomie, je suis en ménopause et j’ai de la difficulté à accepter que mon corps va vieillir. Ça fait 3 ans que je fais des efforts pour avoir le corps que j’aime et je ne peux pas croire que la ménopause va venir « srapper » ça.

Alors je veux faire tout ce que je peux pour ralentir les effets de vieillissement. Il n’y a pas juste l’aspect esthétique, il faut que je fasse attention à l’ostéoporose, au cholestérol, à mon cœur… J’ai pas envie de me ramasser à prendre pleins de pilules pour contrer ces effets. J’ai suffisamment de pilules à prendre post-cancer! Aussi le fait de m’entraîner me donne l’impression que je suis super en forme et que le cancer ne reviendra jamais. J’aime à penser qu’un cancer ça n’a pas d’affaire sur quelqu’un qui est en forme!

Se mettre en forme

Que dirais-tu à quelqu’un qui aujourd’hui veut se mettre en forme ?

A-V : Ben fais-le et embarque là-dedans à 100% parce que c’est le plus beau cadeau que tu peux t’offrir. Personne ne peut te l’offrir et faire cet effort-là à ta place. 

Que dirais-tu à quelqu’un qui vient d’apprendre qu’il a un cancer ?

sport et cancer: l'entraînement

A-V : Go, relèves tes manches et continues à t’entraîner car l’annonce d’un cancer ne veut pas nécessairement dire que tu es mort. J’ai vu des histoires de personnes qui avaient des cancers stade 3 et 4 et qui avaient des pronostics de 6 mois de vie et parce qu’ils étaient en forme et faisaient attention à leur alimentation ils vivent encore 2 ans suivant le pronostic. Le corps c’est une machine ! Si tu viens d’apprendre que tu as un cancer et que tu n’es pas en forme, met-toi à marcher. Met ton corps en mode attaque !

Un an après le diagnostic

Un an après le diagnostic du cancer, elle est en forme comme jamais, elle a une joie de vivre et une énergie contagieuse. Si je ne savais pas par quoi elle est passée, je ne croirais pas que la femme pétillante devant moi se relève d’un cancer. Elle respire la santé, elle est une inspiration pour nous tous.

Anne-Valérie ramasse présentement et jusqu’au 1er mai les soutiens gorges pour la fondation du cancer du sein. La fondation c’est son espoir puisqu’il y a de la recherche qui est fait pour qu’il y ait moins de récidive de cancer. Et grâce à elle, il y a des médicaments plus performants pour le traitement du cancer. La fondation investit également au niveau du dépistage. Aidez-nous à ramasser des soutiens gorges, vous pouvez les remettre à nos kinésiologues!

Merci !

Véronique Gagné
Kinésiologue