Retour à l’entraînement : comment progresser sans risquer de se blesser ? 

Le retour à l’entraînement après une période d’inactivité, qu’elle soit due à une blessure, une pause prolongée ou tout simplement à la vie quotidienne, est une étape cruciale pour quiconque souhaite se remettre en forme ou améliorer son bien-être. Pourtant, une erreur fréquente est de reprendre trop rapidement ou trop intensément. Cela peut mener à des blessures ou des déceptions. Dans cet article, nous verrons pourquoi la progressivité et la réadaptation sont essentielles pour un retour à l’entraînement réussi et durable. 

L’importance de la progressivité dans l’entraînement : Écoutez votre corps 

Lorsque l’on se remet à l’entraînement, il peut être tentant de vouloir retrouver rapidement son niveau de forme antérieur. Cependant, notre corps a besoin de temps pour se réadapter. La progressivité consiste à augmenter graduellement l’intensité, la fréquence et la durée des séances d’entraînement. Cela permet à vos muscles, articulations et systèmes cardiovasculaire et respiratoire de s’ajuster doucement à l’effort sans risque de surmenage. 

Après une période d’inactivité, le nombre de mitochondries (les « centrales énergétiques » des cellules musculaires) diminue. Il y a donc d’importants changements au niveau cellulaire lors de la reprise de l’entraînement. Les mitochondries sont responsables de la production d’énergie sous forme d’ATP (adénosine triphosphate), indispensable pour l’effort musculaire. En reprenant progressivement l’entraînement, le corps réaugmente la production de mitochondries, ce qui améliore non seulement l’endurance, mais aussi la capacité de récupération des muscles après l’effort.

Un autre aspect méconnu est le rôle des tissus conjonctifs (tendons, ligaments et fascia). Contrairement aux muscles, ces structures se renforcent plus lentement. Un entraînement trop intense, trop tôt, peut donc entraîner une surcharge sur ces tissus, même si les muscles eux-mêmes semblent prêts à tolérer une plus grande intensité. La progressivité permet aux tissus conjonctifs de se renforcer parallèlement aux muscles, ce qui diminue les risques de blessure à long terme.

À noter que les femmes peuvent parfois montrer une meilleure résistance à la fatigue musculaire, ce qui peut influencer la manière dont on gère la surcharge progressive. Des raisons physiologiques expliquent cette différence. Tout d’abord, les femmes produisent naturellement plus d’œstrogène. Une hormone qui joue un rôle clé dans la réduction des dommages musculaires et l’amélioration de la récupération après l’exercice. Également, elles utilisent proportionnellement plus de fibres musculaires de type I. Ces fibres sont plus résistantes à la fatigue. Elles s’adaptent mieux aux efforts de longue durée et d’endurance.

Pourquoi la progressivité est-elle si importante ? 

  • Prévention des blessures : Un des risques majeurs d’un retour trop rapide à l’entraînement est la survenue de blessures. Durant une période d’inactivité, non seulement les muscles s’affaiblissent, mais les structures tendineuses et articulaires perdent également une partie de leur souplesse et résilience. Les microtraumatismes répétés causés par une surcharge trop rapide peuvent provoquer des pathologies comme la tendinopathie, une dégénérescence des tendons souvent sous-estimée, mais qui nécessite un traitement long et délicat.
  • Un autre aspect sous-évalué est la régulation des liquides dans les articulations, notamment le liquide synovial. Celui-ci joue un rôle crucial dans la lubrification et la nutrition des articulations. Après une pause, la production de liquide synovial est souvent diminuée, et il faut un temps d’adaptation pour qu’elle revienne à un niveau optimal. La progressivité permet de restaurer cette production, assurant ainsi une meilleure protection articulaire.
  • Amélioration de la performance : Reprendre progressivement permet à votre corps de récupérer non seulement au niveau musculaire, mais aussi dans l’ensemble de ses systèmes énergétiques. Le public ignore souvent que l’entraînement ne sollicite pas seulement les muscles, mais aussi les systèmes cardiovasculaire, respiratoire et hormonal. Par exemple, la libération d’hormones comme le cortisol, liée au stress physique, doit être maîtrisée pour éviter une fatigue chronique. La reprise progressive permet d’équilibrer ces réponses hormonales, favorisant une meilleure adaptation physiologique sur le long terme.
  • De plus, la progressivité permet d’optimiser la coordination intramusculaire et intermusculaire. Il ne s’agit pas seulement de gagner en force ou en endurance, mais de permettre aux groupes musculaires de travailler en synergie de manière plus efficace, améliorant ainsi les performances sportives globales et réduisant les mouvements compensatoires qui pourraient causer des blessures.
  • Motivation à long terme : En évitant les blessures et la fatigue excessive, vous restez motivé. En outre, l’activation régulière mais modérée des systèmes de récompense du cerveau (notamment la dopamine) renforce l’adhésion à l’activité physique. Cette activation progressive aide à créer des habitudes à long terme et à rendre l’entraînement plus agréable, ce qui augmente les chances de maintenir une routine d’exercice.

Le rôle clé de la réadaptation 

Si votre retour à l’entraînement suit une blessure, la réadaptation joue un rôle encore plus fondamental. La réadaptation permet de reconstruire les capacités physiques tout en prenant en compte les limitations liées à la blessure. Souvent, ce processus inclut des étapes, notamment l’intégration des chaînes musculaires dans la rééducation. Il est important d’être guidé par un kinésiologue, selon la gravité de la blessure. 

Comment aborder la réadaptation ? 

  • Évaluation personnalisée : Chaque blessure est unique et nécessite une approche spécifique. Ce qui est souvent mal compris, c’est que les douleurs secondaires (comme celles ressenties dans le dos après une blessure au genou) sont des signaux d’alerte que d’autres parties du corps sont sollicitées de manière inappropriée. Une réadaptation efficace prend donc en compte l’ensemble du corps et non seulement la zone blessée. Un kinésiologue pourra évaluer vos besoins et vous proposer un programme d’entraînement adapté à vos capacités actuelles et à vos objectifs. 
  • Travail de renforcement spécifique : Un point souvent méconnu est l’importance de la proprioception dans la réadaptation. La proprioception est la capacité de percevoir la position et le mouvement des différentes parties du corps. Après une blessure, la proprioception peut être altérée, augmentant ainsi le risque de nouvelles blessures. Des exercices spécifiques, tels que des mouvements d’équilibre ou des activités sur surfaces instables, permettent de restaurer ce sens et d’améliorer le contrôle moteur, réduisant ainsi le risque de récidive.
  • Écoute de votre corps : Il est impératif de respecter les signaux que votre corps vous envoie. La douleur est un indicateur qu’il ne faut jamais ignorer. Si vous ressentez de la douleur au-delà de l’effort normal, il est important d’ajuster votre programme et de ne pas forcer. 
  • La douleur est un indicateur qu’il ne faut jamais ignorer, mais il existe également d’autres signaux corporels souvent sous-estimés, comme la rigidité matinale. Une raideur persistante au réveil peut indiquer un surmenage articulaire ou musculaire, même en l’absence de douleur aiguë. Ajuster son programme d’entraînement en fonction de ces signes permet de prévenir l’aggravation d’une blessure latente.

Stratégies pour un retour à l’entraînement progressif et efficace

Que vous reveniez d’une pause ou d’une blessure, voici quelques conseils pour optimiser votre reprise tout en minimisant les risques : 

  • Planifiez vos séances : Commencez par des séances plus courtes et moins intenses, puis augmentez progressivement. Un élément souvent négligé est la variation des types de contraction musculaire au cours des premières semaines : les contractions excentriques (lorsque le muscle s’allonge sous tension) provoquent plus de micro-déchirures que les contractions concentriques. Privilégier d’abord les mouvements concentriques permet de réduire les douleurs musculaires d’apparition retardée (DOMS) et de faciliter la reprise.
  • Incorporez des jours de repos : Les jours de récupération sont tout aussi importants que les jours d’entraînement. Beaucoup de gens ne réalisent pas que la récupération active (comme la marche légère ou les exercices de mobilité) peut accélérer le processus de régénération musculaire en favorisant la circulation sanguine et l’élimination des déchets métaboliques.
  • Intégrez des exercices de mobilité et de renforcement : En plus de votre activité principale, ajoutez des séances d’étirements et de renforcement musculaire. Un fait souvent ignoré est que la mobilité articulaire, comme celle des hanches ou des épaules, est cruciale pour prévenir des blessures éloignées de ces zones. Par exemple, un manque de mobilité de la hanche peut entraîner des douleurs dans le bas du dos ou des problèmes au genou en raison d’une répartition inégale des charges mécaniques.
  • Fixez-vous des objectifs réalistes : Évitez de vous comparer à votre forme passée ou à celle des autres. Concentrez-vous sur vos progrès et ajustez vos objectifs en fonction de votre évolution. 

Conclusion

Finalement, le retour à l’entraînement après une pause, qu’elle soit volontaire ou forcée, nécessite une approche mesurée et progressive. Ainsi, la progressivité et la réadaptation sont vos meilleurs alliés pour retrouver une forme physique optimale sans risque de blessure. N’oubliez pas que chaque corps est unique. Il est alors essentiel de l’écouter pour garantir un retour à l’activité en toute sécurité. 

Avec le bon encadrement, un retour progressif peut non seulement vous permettre de retrouver votre niveau de forme, mais vous pouvez également l’améliorer sur le long terme en renforçant les bases essentielles de votre condition physique.

Chelsea Berdat

Kinésiologue